
1815-1819

En 1824, à l'âge de 78 ans, Goya décide de partir en France, en suivant la voie de certains de ses compagnons et d'autres intellectuels. À la Quinta del Sordo, sa dernière résidence espagnole, il laisse, avec les peintures noires des murs, une série inachevée de 18 planches. En 1864, trente-six ans après la mort du peintre, l’Académie royale des Beaux-arts de San Fernando publie ce qui est probablement la série de gravures la plus déconcertante des quatre.
Les différentes interprétations de cette série trouvent leur origine dans un malentendu initial : lorsque l’Académie sort la première édition et les publie sous le titre Proverbios, elle ignore l’ordre de l’ensemble et le fait que l’artiste, dans les épreuves d’atelier, les avait intitulées Disparates.
Ce qui est certain c’est que dans ces Disparates, qui dépeignent la décadence du pays, émerge avec force l’artiste moderne déjà perceptible dans les gravures précédentes.
Cent ans après cette première édition, Tomás Harris, expert et référence dans l’étude de Goya, tente de relier chaque estampe à un proverbe espagnol dans le catalogue raisonné de l’œuvre graphique du peintre, ce qui complique encore davantage la lecture et, par ricochet, alimente le mystère et l’hermétisme de l’ensemble.
«Tous les Disparates respirent l'horreur. Des zones incultivables de solitude désolante ou des ciels impénétrables chargés d’obscurité nocturne en constituent la toile de fond. »
Sigrun Paas-Zeidler. Goya. Radierungen [Goya. Aguafuertes], 1978