Les choses qui ont été Exposition temporaire

L'image peinte qui se déploie sur la soie de la feuille de cet éventail dit plié évoque les longues heures passées à observer cette scène, à attendre, dans une vie où le temps s'étirait lui aussi, quand les femmes faisaient usage d'objets comme celui-ci. Ce qu'elles attendaient, ce dont elles rêvaient, était souvent aussi simple que l'image cristallisée sur ces éventails avec lesquels on s'occupait les mains pour tuer le temps. De nombreux objets, comme cette chaise en bois et rotin de style noucentiste ou cet ensemble de carreaux de faïence décorés qui illuminaient le patio couvert du premier étage de la Casa Ensesa, ont aujourd'hui disparu, précisément en raison de leur caractère quotidien et ordinaire. Peut-être les Ensesa voulaient-ils pouvoir disposer d'un havre de paix qui laisserait entrer la lumière mais non le tumulte incessant de la ville, auquel ils n'étaient pas étrangers avec leurs usines et leurs entrepôts. Peut-être trouvaient-ils que le jardin familial, si proche de l'endroit où stationnaient les charrettes et les camions chargés de farine, manquait d'intimité. Peut-être la famille rêvait-elle d'un écrin de verdure, lumineux, fleuri, où résonnerait le bruit de l'eau, d'un petit jardin domestique et artificiel, d'une oasis où profiter du temps qui passe, des rires des enfants et des conversations partagées.

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Un éventail du XIXème siècle, une chaise de style noucentiste et un ensemble de carreaux de faïence qui ornaient une maison signée Rafael Masó : le musée conserve aussi ces objets précieux qui renvoient à la vie quotidienne de la bourgeoisie géronaise de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Car les récits qui y sont attachés racontent une autre histoire de Girona : celle des vies vécues derrière les portes des maisons, celle des femmes et celle des arts délicats qui ornaient les lieux d'habitation.